"Stendhal naît à Grenoble le 23 janvier 1783. En 1800, il découvre l'Italie et surtout Milan, où il séjournera deux ans. Le choc est immédiat. Désormais, il existera entre l'Italie et lui un lien étroit, ineffaçable. C'est dans la Péninsule qu'il rencontre "son" paradis : l'Italie est réelle, vivante, terre de la beauté, de la passion, du bonheur. L'écrivain lui restera fidèle toute sa vie. Au fil de ses différentes affectations dans l'amée napoléonienne à travers l'Europe, il écrit de nombreux essais psychologiques, des impressions de voyages, des critiques... Tous ces travaux resteront toutefois totalement ignorés de ses contemporains. Stendhal, il est vrai, développe une vision singulière du monde et ne prétend pas écrire pour tous mais seulement, comme il le signale à la fin de ses romans, pour les "Happy few". "Un des grands traits du XIXème siècle, écrit-il d'ailleurs dans ses Promenades dans Rome, sera l'absence totale de la hardiesse nécessaire pour n'être pas comme tout le monde. Il faut convenir que cette idée est la grande machine de la civilisation. On porte tous les hommes d'un siècle à peu près au même niveau et supprime les hommes extraordinaires parmi lesquels quelques-uns obtiennent le nom d'hommes de génie. Une idée du siècle est de défendre d'oser et de travailler à ce petit nombre d'hommes extraordinaires qu'elle ne peut empêcher de naître..." Publié en 1839, L'Abbesse de Castro prend place parmi les Chroniques Italiennes, par lesquelles Stendhal voulait démontrer l'existence en Italie de cette énergie, toute de passion et d'instinct, selon lui si présente en Italie et si absente en France, dont il a doté la plupart des grands héros de ses créations romanesques. Dans cet enregistrement de 1956, Jean Piat sait rendre parfaitement la passion et la force de la vérité qui animent les personnages de Stendhal. Sa voix grave et timbrée met en valeur le souffle épique, et en même temps intime, de ce récit tout empli d'amour et de drame..."
Guillaume LECLÈRE et Claude COLOMBINI-FRÉMEAUX