On dit que ça ne lui plaisait pas tant que ça de faire des miracles. Souvent il fallait le prier et il s'exécutait de mauvaise grâce. Mais attendu qu'il commença vers trente ans et qu'il mourut à trente-trois, il tint une bonne moyenne d'un miracle par mois. " C'est sur ce ton de malice, entre ironie et poésie, que Tanguy Viel réécrit la biographie du plus célèbre des hommes. Retraçant les étapes canoniques de la vie de Jésus, à la fois documenté et romanesque, ce récit " flaubertien " doit autant aux évangiles qu'au péplum hollywoodien. On peut se demander, avec Bruno Bouvet (La Croix), " par quel miracle, précisément, le jeune écrivain, renommé pour des romans qui n'ont rien de spécifiquement chrétien et encore moins d'authentiquement pieux, réussit-il à s'approprier le plus universel des récits littéraires ? "".
« Cent jours autour du monde, en 2018, cela relève presque de l'ordinaire (...) ; chacun ressent qu'on tourne autour de la terre comme aussi bien on prendrait une ligne de tram d'un bout à l'autre, en regardant le ciel défiler au-dessus des nuages. À ceci près que nous, Christian et moi, nous ne prenons pas l'avion. C'est même la seule règle établie, celle qui justifie qu'on mette tout ce temps pour seulement faire une boucle : en cargo, en train, en voiture, à cheval s'il le faut, mais pas en avion - quelque chose comme le voyage de Philéas Fogg en un peu plus long, volontairement plus long même, à l'opposé du pari qu'il fit quant à lui de la vitesse et de la performance. Et non pas parce qu'on se soutiendrait de l'idée absolument inverse d'une lenteur sans limites, mais enfin, il est vrai, en bons romantiques attardés, qu'à la performance on opposera volontiers la promenade, à la vitesse la flânerie, enfin, en bons bouddhistes zen, à l'oeuvre accomplie le trajet qui y mène. »
L'un, Christian Garcin, est un grand voyageur, dont l'oeuvre se nourrit de ses pérégrinations ; l'autre, Tanguy Viel, un sédentaire qui croyait avoir signé la pétition de Beckett, « on est cons, mais pas au point de voyager pour le plaisir ». Ensemble, ils se sont lancé un défi : parcourir le monde, de l'Amérique à la Sibérie en passant par le Japon et la Chine, sans jamais prendre l'avion. Récit né de ce périple, enrichi d'inventaires facétieux et de « lettres à un ami » relatant des rencontres insolites, Travelling est surtout une méditation littéraire inoubliable sur le voyage, sur notre rapport à l'espace et au temps, sur la confrontation entre le réel et ce qu'on imagine.