« Mais qu'est-ce qui est arrivé au grand Macbeth, ce général victorieux à la carrière brillante ? Un bel homme, aimé des siens, respecté, admiré, comblé d'honneurs mérités, salué par le roi. Il avait tout pour être heureux. Une femme aimante, distinguée comme une noble romaine. Un château magnifique. Et quel beau paysage ! Tout lui souriait.
Et voilà que du jour au lendemain, une ténèbre tombe. Comme si un télégramme du diable était arrivé. Un mot : Tue ! Une idée horrible vient frapper à la porte de sa pensée. Pensée ? Même pas. C'est comme si la peste avait frappé à la porte de son château. Une seconde d'hésitation. Une seconde ? Même pas. C'est comme s'il avait déjà ouvert la porte avant d'ouvrir. Comme si quelqu'un avait précédé son mouvement.
Le mal est juste derrière la porte. Vous l'entendez hurler. Macbeth n'aurait jamais dû penser à ouvrir la porte. Trop tard frappe comme la foudre. Attention ! Nous ne devrions jamais laisser les Macbeth ouvrir la porte, pensons-nous. Le mal est prêt. Il n'attend que cet instant. Attention ! Le mal est sans arrêt. Vous êtes prévenus ? »
Hélène Cixous
20 prêts - durée illimitée
Les personnages de Henry IV sont des métaphores palpitantes qui font de la vie un art perpétuel, tous atteints, altérés, ivres de désir et de jouissance, balayés par le démon du temps et de la guerre, galopant à l'assaut de leur propre destin, tels les messagers de l'épopée. Ceux qui, sans ancêtres, ni postérité, sont emportés comme feuilles au vent et ceux qui à travers les générations, apprennent leur vie et la consument, ceux qui volent en haut, ceux qui volent en bas, tous la dévorent et la chantent. Tous construisent le monde, ils écoutent, ils guettent, ils ouvrent les portes, restent éveillés la nuit et essaient tous les délices. Chacun est le monde à soi seul et forme avec les autres un système d'astres, de météores volubiles et brillants, âmes saignantes qui s'écoutent vraiment, se parlent vraiment, se regardent briller et s'offrent. Chacun est un héros de chanson de geste, écorché, dilaté, innocent, toujours en danger, qui rêve sa vie avec sérieux. Chacun a un système solaire dans sa poitrine, chacun est le poète de son aventure, aucun n'y résiste, tous s'y abandonnent et la racontent en détail, avec fièvre, impudeur et inconscience, imagination et gaîté.
20 prêts - durée illimitée
L'Illyrie, ce continent où la mer jette Viola, et qui paraît lointain parce qu'il est ignoré, pays légendaire où souffle le vent brûlant de la passion, royaume de la musique, de la volupté et du désir impitoyable. L'histoire qui s'y déroule sans relâche, ce sont les phases d'un astre dévorant, les péripéties de l'amour, sa naissance, sa brûlure, les battements qu'il imprime au coeur, au corps, à l'âme, la blessure qu'il inscrit, sans retour, en l'homme. Ceux que le destin y mène devront connaître la sauvagerie de l'amour, et comme dans les plus grands contes, traverser les épreuves, subir l'initiation, accomplir les rites, les figures obligées du plaisir et de la douleur. La Nuit des rois dépayse moins par la distance dans le temps ou l'espace que par la profondeur du lieu où naissent les désirs de l'homme, ce pays des merveilles, ces Indes intérieures qui, pour l'imagination, tiennent de la légende, de la magie de l'enfance, et du cauchemar.
20 prêts - durée illimitée
Les tragédies historiques nous disent « les tristes histoires de la mort des rois, comment les uns ont été déposés, d'autres tués à la guerre, d'autres hantés par les spectres de ceux qu'ils avaient déposés... » Richard II est le premier chapitre de cette chronique d'une tribu de personnages qui luttent pour construire le monde, agrippés à leur île sauvage battue par les tourmentes, encore presque déserte. « Ce majestueux trône de rois, cette île couronnée, cette terre sacrée, ce siège de Mars, cet autre Éden, ce presque Paradis » est pour chacun de ces aventuriers l'image du monde ; et eux-mêmes sont à eux-mêmes l'univers, lorsqu'ils découvrent et racontent leurs paysages intérieurs. Chacun chante les terribles tempêtes qu'il voit gronder autour de lui. Ils se regardent, ils s'analysent : ils exhalent un flot d'images crues, somptueuses, sanglantes, extrêmes, faisant affleurer à chaque instant leur destin et leur mort, comme en une vivisection de l'âme.
20 prêts - durée illimitée