« Le pouvoir nous enseigne à rejeter l'évidence de nos yeux et de nos oreilles. C'est son commandement ultime, le plus essentiel. Winston sentit son coeur lui manquer à la pensée de la puissance démesurée qui était déployée contre lui, à la facilité avec laquelle n'importe quel intellectuel le remettrait à sa place avec des arguments subtils qu'il serait incapable de comprendre, et plus encore de contrer.
Et pourtant, il avait raison ! Ils avaient tort, il avait raison. Il fallait défendre les évidences, les platitudes, les vérités. Les truismes sont vrais, accrochons-nous à cela ! Le monde physique existe, ses lois ne changent pas. Les pierres sont dures, l'eau est liquide, tout objet lâché est attiré par le centre de la terre.
Avec le sentiment de s'adresser à O'Brien, et aussi d'énoncer un axiome important, Winston écrivit : La liberté est la liberté de dire que deux et deux font quatre. Si cela est accordé, tout le reste suit. »
Dans la mégapole d'une superpuissance mondiale, Winston Smith vit, cadenassé dans sa solitude, sous le regard constant du télécran. Employé au ministère de la Vérité, il réécrit quotidiennement les archives de presse pour les rendre conforme avec la ligne officielle du moment. Mais un jour, le petit employé de bureau se rebelle, commence un journal, tombe amoureux et flâne dans les quartiers où vivent les proles, soustraits à la discipline du Parti. Dans ces lieux où subsistent quelques fragments du passé aboli, il va s'engager dans la rébellion...
« Novlangue », « police de la pensée », « Big Brother »... Soixante-dix ans après la publication du roman de George Orwell, les concepts clés de 1984 sont devenus des références essentielles pour comprendre les ressorts totalitaires des sociétés contemporaines. Dans un monde où la télésurveillance s'est généralisée, où la numérisation a donné un élan sans précédent au pouvoir des grandes entreprises et à l'arbitraire des États, où le passé tend à se dissoudre dans l'éternel présent de l'actualité médiatique, le chef-d'oeuvre d'Orwell est à redécouvrir dans une nouvelle traduction et une édition critique.
Parue pour la première fois au Québec en 2019 aux éditions de la rue Dorion (Québec), cette nouvelle version corrige les lacunes de la traduction initiale réimprimée à l'identique depuis 1950 (une quarantaine de phrases manquantes, de nombreux contresens) ; et, au contraire de la traduction « moderne » parue en 2018, restitue la dimension philosophique et la fulgurance politique du roman d'Orwell dans les termes que des millions de lecteurs se sont appropriés depuis plus d'un demi-siècle ; tout en rendant hommage à la dimension poétique de cette oeuvre pleine d'humour, d'amertume et de nostalgie.
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« Le contrôle de l'espace public - notamment médiatique - par l'État s'appuie sur des stratégies multiséculaires sans cesse renouvelées, qui se sont adaptées à la nouvelle donne introduite par Internet. Cette technologie est ainsi rapidement passée d'un instrument au potentiel émancipateur à un instrument de pouvoir étatique et économique sans précédent. Comprendre le fil de ce changement implique de replacer cette technologie dans une histoire longue : celle des conflits qui ont émergé chaque fois que de nouveaux moyens de communication ont été inventés.
Depuis la naissance de l'imprimerie, les stratégies étatiques de censure, de surveillance, de propagande se sont sans cesse transformées et sont parvenues à domestiquer toute contestation. L'État à toujours su restaurer son emprise sous des formes inédites au gré d'alliances avec les seigneurs du capitalisme. Aujourd'hui, les grandes entreprises qui maîtrisent l'infrastructure numérique sont progressivement intégrées aux politiques de contrôle de l'espace public, tandis que les usages militants d'Internet font l'objet d'une violente répression. »
Après quinze années d'engagement en faveur des libertés sur Internet, Félix Tréguer analyse avec lucidité les fondements antidémocratiques de nos régimes politiques et la formidable capacité de l'État à façonner la technologie dans un but de contrôle social. Il interpelle ainsi l'ensemble des acteurs qui luttent pour la transformation sociale.
Membre fondateur de La Quadratruture du Net, association dédiée à la défense des libertés à l'ère numérique, Félix Tréguer est également chercheur associé au Centre Internet et société du CNRS et post-doctorant au CERI-Sciences Po.
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Ce livre remet en question certaines de nos croyances contemporaines les plus fondamentales, en particulier celle fondée sur le progrès, et rappelle, d'une part, que l'espèce humaine est soumise à la même loi de précarité et de caducité que les autres espèces et, d'autre part, que rien ne garantit que la forme industrielle de production soit biologiquement adaptée à l'être humain.
Ces deux idées pourraient donner l'impression de relever du simple bon sens ; elles n'ont rien de particulièrement choquant ou subversif. Mais elles n'en ont pas moins suscité des réactions négatives surprenantes de la part de tous ceux, scientifiques, économistes, politiciens, intellectuels, qui partagent une conviction commune, que l'on peut appeler « la croyance dans la croissance économique illimitée ».
Quand il s'interroge sur le type de lecteurs qui seraient, au contraire, susceptibles d'apprécier les idées qu'il a développées, l'auteur suggère prudemment deux groupes, qu'il appelle les « conservateurs de la valeur » et les « intellectuels de gauche » - dont il constate, qu'il semble pour tout dire déjà moribond.
La question qui se pose est de savoir qui sont aujourd'hui les intellectuels de gauche. Doit-on encore appeler ainsi des gens qui, s'ils sont plus sensibles que d'autres aux coûts sociaux et humains du progrès, et en particulier aux inégalités qu'il engendre, n'en continuent pas moins le plus souvent à croire à la possibilité et à la nécessité du progrès par la croissance économique illimitée, se contentant pour l'essentiel d'exiger que les fruits de la croissance soient répartis un peu plus équitablement ?
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C'est avec ce court essai que Chomsky fait irruption, en 1967, sur la scène politique américaine comme principal critique de l'impérialisme américain. Décrit comme « la pièce la plus influente de la littérature anti-guerre », ce texte pose les jalons de ce qui sera le combat de tout une vie et de toute une génération.
Fondateur dans la pensée de l'auteur et cardinal pour toute analyse du statut d'intellectuel, cet essai reste d'une dérangeante actualité : celles et ceux qui se mettent au service du pouvoir (États et multinationales) choquent d'autant plus qu'ils jouissent de plusieurs privilèges notoires, ceux d'avoir eu « le loisir, les infrastructures et la formation nécessaires pour rechercher la vérité qui se cache derrière le voile de distorsion et d'altération, d'idéologie et d'intérêt de classe à travers lequel les événements de l'histoire en cours sont présentés »
Parce que ces privilèges donne aux intellectuels des possibilités inaccessibles au commun, celles-ci leur imposent des responsabilités impérieuse et une mission : éclairer ses lecteurs, et d'abord ses contemporains.
L'article fondateur (inédit en français) est complété dans notre édition par les commentaires et actualisations que l'auteur a donnés à l'occasion de son cinquantenaire.
Un essai qui redonne tout leur sens aux mots « responsabilité » et « intellectuel », salutaire dans un pays où les intellectuels (de gauche) sont coutumiers de la trahison de leurs idéaux.
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Cet essai est le procès d'une absence, celle de la gauche, reléguée au second plan de l'information médiatique. L'autrice analyse la façon dont le débat public a été verrouillé par les médias dominants, qui ont reboublé d'efforts pour bipolariser les champs politique et journalistique autour des figures d'Emmanuel Macron, de Marine Le Pen et de leurs thématiques sécuritaires et économiques.
Basé sur une documentation précise, l'ouvrage retrace l'effondrement intellectuel du "journalisme politique", qui a perdu tant en substance qu'en consistance, laissant le storytelling remplacer l'information. L'autrice aborde notamment le traitement des différents projets de réformes par les chefs-lieux éditoriaux, souvent transformés en SAV du gouvernement...
S'appuyant sur l'émergence de la com' comme cadre politique et journalistique, Pauline Perrenot (Acrimed) dévoile le monopole absolu de la pensée libérale dans les médias et l'imbrication de la profession avec le monde patronal.
Un président créé de toutes pièces par les médias, la croisière journalistique de l'extrême droite, des emballements réactionnaires qui ponctuent les séquences des chaînes d'information... drôle d'état que celui de la presse dans l'Hexagone. Pauline Perrenot s'appuie sur le traitement des thèmes qui ont "fait" l'actualité : maintien de l'ordre, sondages, loi sécurité globale, gilets jaunes, violences policières, émergence de Zemmour.
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« Si l'éducateur est celui qui sait, si les élèves sont ceux qui ignorent, il incombe au premier de donner, de remettre, d'apporter, de transmettre comme en dépôt son savoir aux seconds. Il n'est donc pas étonnant que, dans cette vision "bancaire" de l'éducation, les élèves soient vus comme des êtres d'adaptation, d'ajustement. Et plus ils s'emploient à archiver les dépôts qui leur sont versés, moins ils développent en eux la conscience critique qui leur permettrait de s'insérer dans le monde, en transformateurs de celui-ci. En sujets. Dans la mesure où cette vision bancaire de l'éducation annule ou minimise le pouvoir créateur des élèves, qu'elle stimule leur naïveté et non leur esprit critique, elle satisfait les intérêts des oppresseurs : pour eux, il n'est pas fondamental de mettre à nu le monde, ni de le transformer.
Les oppresseurs maintiennent les masses aliénées, à travers des mythes indispensables au statu quo. Par exemple, le mythe selon lequel tout un chacun, à condition de ne pas être fénéant, peut devenir un entrepreneur ; le mythe de l'héroïsme des classes oppressives, comme gardiennes de l'ordre ; le mythe du droit de toutes et tous à l'éducation. »
À l'image d'autres grands pédagogues, en premier lieu Célestin Freinet, Freire rappelle que projet éducatif et projet social sont indissociables. Selon lui, le but de l'éducateur est de donner aux opprimés les moyens de construire une conscience claire de leur position, et de rechercher avec eux les moyens de transformer le monde. Écrit en 1968 au Chili, ce texte irrigue aujourd'hui encore la pensée de la pédagogie critique partout dans le monde.
Pédagogue brésilien, Paulo Freire (1921-1997) est mondialement connu pour ses travaux sur l'alphabétisation des adultes des classes populaires et son engagement dans la lutte contre l'oppression par l'éducation. Ses ouvrages sont traduits dans plus de vingt langues.
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Dans le premier tome de cette saga historique où se mêlent aventure, romance et intrigues politiques, l'auteur retrace l'enfance et l'entrée dans l'âge adulte d'Arn, futur Templier. Une période qui se déroule entre châteaux forts, monastères, chants de scaldes,apprentissage du maniement des armes, et premiers émois. Jan Guillou parvient à transformer le tableau d'une formation - à la fois religieuse et profane - en une épopée haletante ; la tension entre le spirituel et le temporel s'incarne dans le corps et l'âme du jeune homme, qui subit et transcende ces contradictions.
Ce roman prend à contre-pied la vision traditionnelle d'un Moyen Âge sombre et barbare pour dévoiler l'extraordinaire dynamisme du laboratoire culturel et politique qu'il a représenté. En filigrane, il érige en modèle les valeurs de tolérance et d'humanisme dont son héros est porteur.
OEuvre historique et humaniste, cette trilogie est un véritable hymne à la tolérance qui propose une réflexion sur notre époque, notamment sur les rapports qu'entretiennent culture matérielle et culture spirituelle, les pièges de la politique prétendument pragmatique et les avantages de la mixité culturelle.
Luttes de pouvoir, personnages historiques, paysages bucoliques, trahisons et solidarité, tout est réuni dans une trilogie qui fera date.
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Ce livre analyse l'abandon par les « nouveaux démocrates » des classes populaires et des syndicats au profit des classes aisées et cultivées. Ce choix pour l'« économie de la connaissance » a condamné les travailleurs manuels et les catégories peu diplômées à la relégation sociale et à une forme de plus en plus agressive de mépris culturel.
Dépréciées par le parti qui leur servait autrefois de véhicule politique, les classes populaires sont devenues plus attentives aux thématiques identitaires de démagogues réactionnaires. L'histoire mondiale récente - des mandats de Trump et de Bolsonaro aux élections de Biden et de Macron - n'a fait que confirmer les analyses de l'auteur.
Aux États-Unis comme en France, la méritocracie s'est installée sans complexes, mettant à mal les services publics, faisant du marché du travail un marché contractuel profondément défavorable aux petits salariés, démantelant le syndicalisme. Aux États-Unis comme en France, en cajolant les hauts salaires, la « gauche » a pavé la voie (royale) à l'extrême droite.
Ce livre, véritable plaidoyer contre la méritocratie et pour reconsidérer les classes laborieuses, offre un rappel que la gauche n'est pas moins responsable que la droite de l'explosion récente des inégalités, grâce à une analyse du modèle américain mis en oeuvre en France, de Hollande à Macron.
Journaliste et essayiste, Thomas Frank écrit régulièrement pour Le Monde diplomatique et Harper's des articles d'analyse sociale et politique de la situation américaine. Cofondateur et rédacteur en chef du magazine The Baffler, il est l'auteur d'une demi-douzaine d'ouvrages.
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Que nous apprend le regard d'un grand historien quand il se pose sur l'avenir et non sur le passé ?
Dans ce recueil de textes rassemblés ici pour la première fois, ce n'est pas sur le passé, même récent, mais le présent et l'avenir que l'historien exerce ses compétences, puisant autant dans les époques qu'il étudia que dans son expérience de celles où il vécut - entre guerre et paix, terrorisme et démocratie, impérialisme et environnement, conséquences de la chute de l'URSS et futur des États-nations.
Invoquant une mémoire dont il estimait qu'elle « n'est pas tant un mécanisme d'enregistrement qu'un mécanisme de sélection » permettant de « lire les désirs du présent dans le passé », de cette synthèse naît un point de vue où luttent lucidité, optimisme et pessimisme. Où le militant embarque souvent l'historien.
Aussi l'intérêt de ces pages se trouve moins dans les prédictions (ou les erreurs de prédictions) de l'auteur que dans la compréhension qu'accompagnent les analyses, par un intellectuel engagé dans les luttes de son temps, offertes à celles et ceux qui vivront un temps qu'il ne connaîtra pas.
« À terme, les gouvernements mèneront une guérilla constante contre la coalition entre de petits groupes d'intérêt bien organisés et les médias. Ces derniers seront de plus en plus persuadés que leur rôle politique consiste à publier ce que les gouvernements veulent cacher, alors que - et c'est là toute l'ironie d'une société basée sur un flux illimité d'informations et de divertissements -, pour remplir leurs pages et leurs écrans, ils feront confiance aux propagandistes des institutions qu'ils sont censés critiquer. »
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Comment le mouvement Black Lives Matter a-t-il pu naître sous le mandat du premier président noir ?
Une plongée dans l'histoire du racisme aux États-Unis, écrite par une universitaire et militante membre du mouvement Black Lives Matter.
Réédition avec une préface qui actualise ce classique sur le renouveau des luttes contre le racisme aux États-Unis à l'aune de l'évolution des luttes sociales au cours de la dernière décennie.
Cet essai revient sur l'« économie politique du racisme » depuis la fin de l'esclavage, le reflux des mouvements sociaux des années 1960 et l'essor d'une élite noire prompte à relayer les préjugés racistes et anti-pauvres. Il défend le potentiel universaliste de Black Lives Matter : afro-américain et tourné contre les violences policières, il peut parfaitement rallier d'autres groupes et s'étendre à une lutte générale pour la redistribution des richesses.
Dès 2017, K-Y. Taylor avait anticipé la déflagration qui suivra l'assassinat de George Floyd en 2020, comme plus tôt le meurtre de Mike Brown par un policier blanc avait marqué un point de rupture pour les Afro-Américains de Ferguson (Missouri). Peut-être était-ce à cause de l'inhumanité de la police, qui a laissé le corps de Brown pourrir dans la chaleur estivale. Peut-être était-ce à cause de l'arsenal militaire qu'elle a sorti dès les premières manifestations. Avec ses armes à feu et ses blindés, la police a déclaré la guerre aux habitants noirs.
Militante antiraciste, féministe et anticapitaliste, Keeanga-Yamahtta Taylor enseigne au Département d'études afro-américaines de l'université de Princeton. Black Lives Matter, son premier livre, a reçu de nombreux prix et a été plusieurs fois réimprimé depuis sa sortie aux États-Unis.
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L'IRA n'existerait pas sans la politique britannique, faite de manipulations, de répressions et de ruptures. Ce livre allie un traitement exhaustif et compréhensif des sources, et l'auteur soumet son sujet à la distance de l'objectivité. Axée sur la relation entre activité politique et guérilla, entre tradition républicaine et socialisme et sur les mouvements politiques qui se sont constitués autour de l'IRA, l'analyse offre un point de vue original, riche en témoignages et en analyses, qui éclaire des décennies sombres et foisonnantes.
l'Irlande du Nord a été le théâtre d'une guerre sans batailles, ni sièges, ni bombardements. Les pertes peuvent sembler assez peu élevées. Mais rapportées à la population, elles représentent la moitié des victimes britanniques de la Seconde Guerre mondiale. Et ce conflit dévastateur s'est déroulé sur un territoire d'Europe occidentale riche et réputé pour sa stabilité politique.
Ce livre revient sur la longue durée de l'histoire du républicanisme, et sur les questions auxquelles il eut à répondre : la lutte pour l'indépendance se confond-elle avec la lutte pour le socialisme ? Les ouvriers et ouvrières protestants sont-ils des frères et des soeurs prolétaires ou des colons ? Ces questions ont conservé beaucoup de leur pertinence. L'histoire de l'Irlande n'était et n'est toujours pas écrite d'avance. De la genèse des « Troubles » à l'histoire récente de l'Irlande, du mouvement des droits civiques et l'influence des thèses marxistes sur le Sinn Féin à la montée des violences et la scission du mouvement, de l'administration londonienne et les alternatives à la lutte armée aux premiers pourparlers de paix, l'auteur ne laisse rien de côté pour fonder sa démonstration.
À travers son récit, on saisit l'évolution des mentalités, profondément bouleversée par une guerre interminable à laquelle manquait une histoire. Un manque désormais comblé.
Que l'oppresseur fabrique une figure repoussoir pour justifier son oppression et créer une cible, c'est chose courante. Que l'opprimé ait le malheur de s'y conformer, avec une efficacité parfois remarquable, demande que la rigueur intellectuelle prenne le relai, pour traiter le sujet avec toute la délicatesse nécessaire.
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Le 25 mai 1968, les directeurs de maisons de la culture et de théâtres populaires qui signent la « déclaration de Villeurbanne » déplorent l'éloignement du théâtre et des classes populaires et plaident pour le renforcement des liens entre création et action culturelle. À cette époque, pourtant, le processus de rupture entre le théâtre public et le public lui-même est déjà commencé - et ne cessera de s'accentuer.
Marjorie Glas met à jour les logiques de cette évolution. Elle montre comment la pente vers l'avant-garde et l'innovation esthétique a joué contre l'animation culturelle, le poids de la professionnalisation et de l'affirmation de nouvelles figures dominantes (metteur en scène, programmateur), et comment les logiques structurelles de l'institution se révèlent beaucoup plus fortes que les individualités.
Fondé sur la croyance en l'utilité sociale du théâtre, de sa fonction politique et de son ouverture à tous les publics, le théâtre public s'est progressivement recentré sur lui-même et sur ses enjeux internes. L'héroïsation de l'artiste est allée de pair avec la marginalisation des profanes. Pour aboutir à l'effacement du public populaire - et même du public tout court - dans les enjeux professionnels et esthétiques.
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L'édition est la grande absente des analyses du rôle de l'industrie des relations publiques dans l'« éternel combat pour le contrôle des esprits ». Pourtant, comme les autres médias, le secteur est depuis longtemps aux mains de grands groupes, souvent les mêmes. Et il remplit la même fonction dans le maintien de l'ordre idéologique. Suivant la logique de croissance par acquisition : chacune prépare la suivante, les grands éditeurs perpétuent l'existence d'un type d'acteur qui, du seul fait de sa taille et de son mode d'organisation, forge un monde social et économique face auquel les idées de changement ne pèsent pas grand-chose.
La distinction artificielle entre « groupes de communication » et « groupes éditoriaux » occulte le rôle de ces entreprises dans une société à caractère de masse : transformer les lecteurs en consommateurs et limiter la capacité d'agir du plus grand nombre. Un phénomène qui va en s'amplifiant.
Écrit par un éditeur, ce livre propose à la fois une anti- légende de l'édition et les bases d'une réflexion sur les responsabilités sociales et politiques de tout métier. Un questionnement qui prend une forme plus directe lorsqu'il touche à la diffusion d'idées : de quelles manières et sous quelles bannières défendre quels projets de société.
La première édition de ce livre est parue à la fin de l'été 2011. Un an plus tard, le rachat de Flammarion par Gallimard puis celui de Payot & Rivages par Actes Sud bouleversaient la structure sur laquelle étaient basées ses analyses, et les confirmaient ; onze ans plus tard, alors que Madrigall a racheté Minuit et que le patron d'Editis est sur le point d'absorber Hachette, une nouvelle édition s'imposait !
Fondée sur l'histoire longue et une sociologie de l'édition, cette analyse remet au centre les enjeux de la concentration des groupes médiatiques. Une mise en récit de la valse des marques et des dynasties d'éditeurs qui dévoile les réalités de l'édition d'aujourd'hui.
Et pour changer des pensums politiques et universitaires, c'est à l'ironie que ce portrait est brossé...
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Eric Hobsbawm est né l'année de la révolution d'Octobre et s'est réclamé du marxisme toute sa vie. La période qu'il analyse et le communisme qui en constitua une dimension essentielle sont donc liés à son existence. Bien que le XXe siècle soit achevé, son interprétation reste un enjeu politique décisif. Et le fait que l'ordre en place provoque son lot de révoltes presque partout dans le monde interdit de reléguer au rang de contes poussiéreux les chapitres d'un temps qui a vu des peuples renverser l'irréversible. Leurs espérances furent parfois déçues, détruites, décapitées (cette chose-ci est connue), mais aussi parfois récompensées (cette chose-là est moins évoquée).
L'Ère des extrêmes nous rappelle que l'humanité ne fut pas toujours impuissante et désarmée quand elle voulut changer de destin. Lorsque Hobsbawm publia ce livre, ce genre d'observation n'allait plus de soi. Mais vingt-cinq ans plus tard, les lampions de la célébration définitive de la démocratie libérale sont éteints. Et l'histoire qui resurgit ne se résume pas à un imaginaire désenchanté.
Cette somme mêle l'étude des révolutions politiques, culturelles et des bouleversements sociaux du XXe siècle, celle des deux guerres mondiales, mais aussi des innovations artistiques et scientifiques.
Traduit en trente langues et largement célébré, L'Ère des extrêmes rencontra un accueil plus difficile en France, où les grandes maisons d'édition refusèrent de publier des analyses trop marquées selon elles par l'attachement de l'auteur à la cause révolutionnaire.
« Dans les toutes premières lignes de son ouvrage, Eric Hobsbawm écrit : "En cette fin de XXe siècle, la plupart des jeunes femmes et des jeunes hommes grandissent dans une espèce de présent permanent, dépourvu de tout lien organique avec le passé public qui a pourtant façonné les temps actuels."
Rien de tel que ce livre superbe, si riche de faits lumineusement rapprochés, bouillonnant d'idées, pour éclairer le lecteur sur l'histoire, toute proche et pourtant mal connue, qui a modelé ce monde désorienté et l'incite à sortir de ce "présent permanent" sans perspectives, à inventer, avec d'autres, son propre avenir. »
Claude Julien « Le siècle des extrêmes. Une histoire qui a modelé notre monde désorienté », Le Monde diplomatique, mars 1995.
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« Les machines ressemblent à d'étranges créatures qui aspirent les matières premières, les digèrent et les recrachent sous forme de produit fini. Le processus de production automatisé simplifie les tâches des ouvriers qui n'assurent plus aucune fonction importante dans la production. Ils sont plutôt au service des machines. Nous avons perdu la valeur que nous devrions avoir en tant qu'êtres humains, et nous sommes devenus une prolongation des machines, leur appendice, leur serviteur. J'ai souvent pensé que la machine était mon seigneur et maître et que je devais lui peigner les cheveux, tel un esclave. Il fallait que je passe le peigne ni trop vite ni trop lentement. Je devais peigner soigneusement, afin de ne casser aucun cheveu, et le peigne ne devait pas tomber. Si je ne faisais pas bien, j'étais élagué. »
Foxconn est le plus grand fabricant du monde dans le domaine de l'électronique. Ses villes-usines font travailler plus d'un million de Chinois, produisent iPhone, Kindle et autres PlayStation. Elles ont été le théâtre de suicides d'ouvriers qui ont rendu publiques des conditions d'exploitation fondées sur une organisation militarisée de la production et une surveillance despotique jusque dans les dortoirs.
Ce livre propose une analyse du système Foxconn à partir des enquêtes de la sociologue Jenny Chan, complété par le témoignage de Yang, un étudiant et ouvrier de fabrication à Chongqing, et le parcours de Xu Lizhi, jeune travailleur migrant chinois à Shenzen, qui s'est suicidé en 2014 après avoir laissé des poèmes sur le travail à la chaîne, dans « L'atelier, là où ma jeunesse est restée en plan ».
Sous le titre « Les ombres chinoises de la Silicon Valley », la réactualisation de la postface que donne Celia Izoard analyse l'écueil des fantasmagories de l'« économie immatérielle » auxquelles succède le quadrillage électronique de nos vies, tandis que la pandémie de Covid-19 « accomplit l'organisation légiférée de la séparation physique des individus pour leur vendre les moyens de communication leur permettant de "rester en contact" ». Ce projet paradoxal, qu'ambitionnaient depuis longtemps les entreprises technologiques - remplacer les relations humaines incarnées par des transactions électroniques -, étant en prime auréolé d'une vision d'un nouvel humanisme fait de sécurité, de solidarité et d'hygiène.
Journaliste à Reporterre et essayiste critique de la technologie moderne (dont Merci de changer de métier. Lettres aux humains qui robotisent le monde, 2020) Celia Izoard est aussi traductrice, notamment de 1984, de George Orwell, de Black Lives Matter, de Guerre nucléaire et catastrophe écologique, de Freedom Summer. Luttes pour les droits civiques, Mississippi 1964 et de Le Progrès sans le peuple.
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Les niveaux très élevés d'inégalité semblent moralement contestables. Mais les raisons pour lesquelles ils le sont et pour lesquelles il faudrait les réduire ou les éliminer sont-elle si évidentes ? Nous avons donc besoin d'une conception claire des raisons de combattre les inégalités.
« Les individus ont de nombreuses raisons différentes de s'opposer à des formes d'inégalité : des raisons fondées sur leurs effets, sur les relations avec les autres qu'elles impliquent, et sur les institutions qui les engendrent. Ces raisons sont diverses et ne découlent pas toutes d'un unique principe distributif égalitaire. Ce qui les unifie, c'est leur rôle commun dans le processus par lequel les institutions sociales doivent être justifiées auprès de ceux à qui l'on demande de les accepter. »
Par-delà nos raisons d'améliorer le sort des plus démunis, nous avons aussi des raisons de nous opposer à l'inégalité, c'est-à-dire à la différence entre la vie des uns et celle des autres. Ces dernières sont plus énigmatiques, et Thomas Scanlon examine six raisons de ce type. Il montre que l'inégalité peut être contestable parce qu'elle crée d'humiliantes différences de statut ; parce qu'elle donne aux riches des formes de contrôle inacceptables sur ceux qui ont moins ; parce qu'elle sape l'égalité des chances économiques ; parce qu'elle nuit à l'équité des institutions politiques ; parce qu'elle résulte de la violation d'une exigence d'égalité d'attention pour les intérêts de ceux à qui les pouvoirs publics ont l'obligation de fournir certains services ; ou encore parce qu'elle est produite par des institutions économiques inéquitables. Il examine également les objections à la poursuite de l'égalité au motif qu'elle implique une entrave inacceptable à la liberté individuelle, et fait valoir qu'on ne peut ni justifier ni s'opposer à l'inégalité en se fondant sur une notion de mérite.
Disposer d'une conception claire des raisons pour lesquelles les inégalités doivent être combattues permet de faire apparaître en quoi sont contestables les lois et les institutions qui les promeuvent, et pourquoi il peut être justifié de les modifier.
L'une des thèses fortes de ce livre : toutes les inégalités ne s'exposent pas aux mêmes objections, qu'il faut parvenir à distinguer pour fournir à ceux qui veulent les combattre les meilleures raisons de le faire.
Philosophe à Harvard, spécialiste d'éthique et de philosophie politique, Thomas M. Scanlon a publié des travaux de première importance sur la liberté d'expression, l'égalité, la tolérance, les théories de la justice, les théories du contrat social, le bien-être, ainsi sur de nombreuses questions fondamentales de philosophie morale. Parmi ses ouvrages, en français, L'Épreuve de la tolérance. Essais de philosophie politique (Hermann, 2018).
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Seule une critique radicale des formes actuelles de circulation de l'information peut permettre de sortir du désenchantement de la politique. Paradoxalement, les appareils de parti conçus comme des instruments de libération, individuelle et surtout collective, ont très souvent fonctionné comme des instruments de domination, à travers notamment la violence symbolique qui s'exerçait en leur sein. C'est pourquoi la priorité doit être d'élever la conscience critique des mécanismes de violence symbolique qui agissent dans la politique ; et, pour cela, de divulguer largement les armes symboliques pour se défendre contre la violence symbolique - et de se libérer, si besoin, des « libérateurs ».
Parue début 2002, la première édition de ce livre se donnait pour objet de mettre à jour, par le seul fait d'une succession organisée, les soubassements politiques d'une oeuvre qui ne s'est jamais coupée des chaos de l'histoire. Des interventions du sociologue, au début des années 1960 à propos de la guerre d'Algérie, à son dévoilement des mécanismes de reproduction de l'idéologie dominante, en passant par son analyse de la reproduction des inégalités par le système scolaire.
Vingt ans plus tard, la réception de l'oeuvre de Pierre Bourdieu et la perception de son personnage public restent très contrastées. Il est d'autant plus nécessaire de clarifier la manière dont le sociologue a articulé, toute sa vie durant, les exigences du savant et les engagements de l'intellectuel.
Sociologue et professeur au Collège de France, Pierre Bourdieu (1930-2002) a joué un rôle majeur dans la vie intellectuelle et politique ; ses premiers livres, parus dans les années 1960 (comme Les Héritiers, avec Jean-Claude Passeron) sont désormais des classiques de la discipline, que l'ensemble de son oeuvre a participer à refonder (de La Distinction à La Misère du monde). Sur Bourdieu aux éditions Agone : Bourdieu, savant et politique de Jacques Bouveresse (2004) et Introduction à une sociologie critique. Lire Pierre Bourdieu de Alain Accardo (2006).
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La scène se déroule le 24 avril 1933, dans la petite école de Saint-Paul dirigée par Célestin Freinet, quelques minutes après la fermeture des portes. Depuis des mois, l'instituteur subit une campagne de diffamation menée par le maire, soutenue par quelques habitants du village, qui veulent le chasser.
Cette petite affaire locale a pris une envergure nationale grâce à de solides appuis via la presse d'extrême-droite. En cause, la pédagogie de Freinet, qui favorise une totale liberté dans l'expression écrite des enfants. Quelques mois plus tôt, un enfant avait donné le récit, qui fut imprimé sans aucune censure de l'instituteur, d'un rêve où le maire était attaqué par les élèves.
Le prétexte était tout trouvé pour se débarrasser de cet encombrant militant communiste : ce rêve révélait bien la pédagogie subversive de Freinet. Mais celui-ci tient bon, contre-attaque systématiquement, conteste, fait appel, mobilise tous ses soutiens politiques, pédagogiques et syndicaux. Las de devoir attendre une décision administrative qui n'arrive pas, le maire et ses ouailles décident de déloger Freinet manu militari. Mais Freinet, informé, était prêt à les accueillir, armé.
Ce moment peut être envisagé comme le point culminant de la situation ayant mené à la démission d'Élise et de Célestin Freinet, qui iront fonder une école privée à Vence. Au-delà de sa puissance lyrique, l'évènement témoigne à la fois de la passion d'un homme pour la pédagogie populaire (au point de la défendre arme au poing) mais aussi de la pression fasciste que connaît alors le pays.
Après une restitution des faits, fondée sur les archives (notamment policières), ce livre interroge ce qui peut mener un instituteur pacifiste à brandir une arme dans la cour de son école ; puis, sur la base de l'histoire de l'éducation et des controverses pédagogiques, il montre l'importance de la surveillance et de la criminalisation des pratiques dérogeant aux normes gouvernementales.
Au final, l'ouvrage vise à une compréhension de la-dite « pédagogie Freinet » dans le cadre d'une analyse de la mission de service public et d'une contribution à une autre histoire de l'école républicaine.
Enseignante en lycée et chargée de cours en histoire et sociologie de l'éducation à l'Université de Paris, Laurence De Cock est notamment l'autrice d'École (Anamosa, 2019), Dans la classe de l'homme blanc. L'enseignement du fait colonial des années 1980 à nos jours (PUL, 2018) et de Sur l'enseignement de l'histoire. Débats, programmes et pratiques de la fin du XIXe siècle à nos jours (Libertalia, 2018) .
Aux éditions Agone, co-autrice de L'Histoire comme émancipation (avec Guillaume Mazeau et Mathilde Larrère, 2019) elle a codirigé les deux volumes de La Fabrique scolaire de l'histoire (2009, 2017) et Les Pédagogies critiques (2019) ; et elle fait paraître École publique et émancipation sociale en août 2021.
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La liberté de la presse a ceci de commun avec la République qu'elle est aujourd'hui défendue même par les forces politiques qui ont le plus férocement ferraillé contre elle dans un passé pas si lointain. Les avocats de la critique de la presse, eux, sont beaucoup moins nombreux. Passe encore de flétrir l'autoritarisme d'un magnat tout-puissant. Mais au-delà ? Suggérer qu'il n'y aura pas de liberté de la presse tant que les médias sont accaparés par une minorité fortunée suscitera des regards suspicieux : complotisme ?...
À l'heure des amalgames faciles, rappeler que la lutte pour la liberté de la presse a aussi remis en cause, parfois avec fracas, le pouvoir de ses propriétaires, n'est pas inutile. Car à trop attribuer aux seuls libéraux les acquis de ce combat, on en oublierait presque que ce dernier avait aussi partie liée avec la lutte des classes.
Contre la « presse bourgeoise » possédée par ceux qui cherchent à s'enrichir encore davantage, des intellectuels, des journalistes, des hommes politiques, des syndicalistes et une infinité de militants anonymes ont écrit, débattu, fait grève, imaginé des manières plus démocratiques de produire de l'information.
La concentration actuelle des grands médias entre les mains d'une poignée de grandes fortunes suffit à évaluer les limites de leurs mobilisations. Mais ces dernières n'en ont pas moins marqué l'histoire de la presse, en menant sur le terrain économique un combat loin d'être terminé.
Historien à l'université de Bordeaux Montaigne, Dominique Pinsolle travaille sur l'histoire de la communication et du mouvement ouvrier et écrit régulièrement pour Le Monde diplomatique.
Il a notamment publié Le Matin (1884-1944). Une presse d'argent et de chantage (PUR, 2012).
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Alliant un panorama des simulacres de solutions urbanistiques mondiales - villes privées, villes intelligentes, écocités - avec des exemples sur la situation française, ce livre analyse leurs effets sur les populations, démonte les fausses solutions et traite des pistes réalistes pour sauvegarder la viabilité de nos cités.
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Jamais le démantèlement de l'école publique n'aura été aussi brutal que sous le mandat présidentiel d'Emmanuel Macron. De la maternelle à l'université, ce sont les enfants des catégories populaires qui en paient le prix fort. En face, la résistance est faible. Doit-on y voir la perte du sens de l'école publique ? Même si la démocratisation scolaire n'a jamais tenu toutes ses promesses, il ne faut pas pour autant en abandonner les ambitions, sans lesquelles aucune émancipation sociale n'est possible.
Après avoir dressé le tableau noir des conséquences des réformes éducatives récentes que la crise sanitaire n'a fait que révéler, ce livre revient sur les fondements historiques des principes d'une éducation nationale théorisée par les révolutionnaires français en 1793, principes généreux enrichis par certains pédagogues de l'éducation nouvelle et qui ont guidé chaque grand moment de démocratisation scolaire, de Jean Zay sous le Front populaire au plan Langevin-Wallon après la Libération.
Qu'en reste-t-il aujourd'hui et sur quelles bases refonder une école au service des masses ? Aux anciens défis, d'autres se sont ajoutés : les nuisances de l'idéologie néolibérale, la défiance grandissante à l'égard de la pensée rationnelle et critique autant que des pédagogies de transformation sociale.
Enseignante en lycée et chargée de cours en histoire et sociologie de l'éducation à l'Université de Paris, Laurence De Cock est notamment l'autrice d'École (Anamosa, 2019), Dans la classe de l'homme blanc. L'enseignement du fait colonial des années 1980 à nos jours (PUL, 2018) et de Sur l'enseignement de l'histoire. Débats, programmes et pratiques de la fin du XIXe siècle à nos jours (Libertalia, 2018) .
Aux éditions Agone, co-autrice de L'Histoire comme émancipation (avec Guillaume Mazeau et Mathilde Larrère, 2019) elle a codirigé les deux volumes de La Fabrique scolaire de l'histoire (2009, 2017) et Les Pédagogies critiques (2019).
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Comme l'impératif capitaliste du croître-ou-mourir est radicalement opposé à l'impératif d'interdépendance et de limite propre à l'écologie, l'un et l'autre ne peuvent pas coexister ; aucune société fondée sur le mythe d'une réconciliation de ces deux impératifs ne peut espérer survivre. Soit nous établissons une société écologique, soit la société s'effondrera pour tout un chacun, quel que soit son statut social.
S'arrêter au constat que la planète est menacée de destruction ne suffit pas. Bookchin part d'une critique radicale du marxisme et de l'anarchisme, jointe à une analyse des moments dans l'histoire qui ont posé les jalons d'une véritable démocratie - de l'antique cité athénienne aux assemblées anarchistes espagnoles de 1936 - pour développer un projet de société qui repose sur des municipalités autogérées par les personnes qui les habitent, et la formation d'une confédération pour constituer un contre-pouvoir à l'État-nation et abolir le capitalisme.
Ce recueil, inédit en France, rassemble des essais sur la démocratie directe, la crise écologique, la question nationale et l'avenir de la gauche an d'établir les conditions de réalisation des solutions nouvelles et concrètes pour une société de liberté et d'abondance.
Murray Bookchin (1921-2006) est l'auteur d'une oeuvre abondante qui a influencé un large éventail de penseurs politiques et de mouvements sociaux, en offrant une vision politique audacieuse qui peut nous faire passer de la seule protestation à la transformation sociale. Ont notamment été traduits en français : Au-delà de la rareté (Écosociété, 2016), Pouvoir de détruire, pouvoir de créer (L'Échappée, 2019) et Changer sa vie sans changer le monde (Agone, 2019).
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À la fin des années 1960, la concurrence internationale et la peur du déclassement transforment un populisme de gauche (rooseveltien, conquérant, égalitaire) en un « populisme » de droite faisant son miel de la crainte de millions d'ouvriers et d'employés d'être rattrapés par plus déshérités qu'eux. C'est alors que la question de l'insécurité resurgit. Elle va embourgeoiser l'identité de la gauche, perçue comme laxiste, efféminée, intellectuelle, et prolétariser celle de la droite, jugée plus déterminée, plus masculine, moins « naïve ».
Cette métamorphose s'accomplit à mesure que l'inflation resurgit, que les usines ferment et que l'« élite », jadis associée aux grandes familles de l'industrie et de la banque, devient identifiée à une « nouvelle gauche » friande d'innovations sociales, sexuelles et raciales.
Les médias conservateurs n'ont plus qu'à se déchaîner contre une oligarchie radical-chic protégée d'une insécurité qu'elle conteste avec l'insouciance de ceux que cette violence épargne. Au reste, n'est-elle pas entretenue dans ses aveuglements par une ménagerie de juges laxistes, d'intellectuels jargonnants et autres boucs émissaires rêvés du ressentiment populaire ?
« Progressistes en limousine » là-bas ; « gauche caviar » chez nous.
Extrait de la préface de Serge Halimi
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« Pour les marxistes, les ouvriers qui manquaient de "conscience de classe" étaient aliénés, victimes de l'idéologie dominante. Grâce aux intellectuels qui disposaient de la bonne théorie révolutionnaire, ils retrouveraient leur véritable identité. À l'opposé, Bourdieu défend l'idée que c'est en respectant l'autonomie de la science que le sociologue peut échapper aux travers de l'intellectuel engagé et la sociologie jouer un rôle utile dans la cité. Car produire des connaissances sur les acteurs du monde social, ce n'est pas parler à leur place, ni leur dire comment se comporter. Là où règnent les injustices, les inégalités et les discriminations, c'est avant tout à mettre en lumière ces vérités que la science sociale doit s'attacher. »
La « question raciale » occupe désormais la place publique. Les auteurs de ce livre ont voulu sortir de l'agenda médiatique et politique et mettre le débat sur le terrain de l'autonomie des sciences sociales. Ils reviennent sur l'histoire des enjeux politiques et savants qui se sont noués au xixe siècle autour de la notion de race, pour éclairer les débats actuels et les inscrire dans la continuité de la science sociale telle que la concevaient Durkheim, Weber et Bourdieu. Pour ne pas s'en tenir à des visions trop générales ou théoriques, ils proposent aussi l'analyse d'un « scandale racial » particulier, celui des « quotas » dans le football.
Stéphane Beaud est sociologue. Ses travaux, qui reposent sur des enquêtes ethnographiques, s'attachent depuis plus de trente ans à étudier les transformations des classes populaires, notamment immigrées : à l'usine, face à l'école, dans les cités ou le sport (football).
Historien, Gérard Noiriel a notamment travaillé sur l'articulation de l'immigration, de la nation et des sentiments xénophobes. Il a publié en 2018 Une Histoire populaire de la France, synthèse de toute une vie de recherches et d'engagements.
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